Bonjour mes ami(e)s, voici ma chronique.
Extrait
" La plupart des hommes fabriquent des vivants, moi je fabrique des morts.
Ça va plus vite, et ça impressionne davantage."
Quatrième de couverture;
Âmes sensibles, s'abstenir.
L'Ange Noir est tout sauf un marrant. L'Ange Noir est l'ennemi public n° 1. Flics, femmes, cadors du crime : personne ne lui résiste. Et surtout pas la mort. Vivre sans temps mort et jouir sans entraves, telle pourrait être sa devise.
Même quand il s'agit de raconter son épopée, il n'y a pas un chroniqueur qui tienne la distance. Alors il va s'en charger seul. Cet Al Capone moderne n'a décidément pas l'esprit d'équipe. Sans honte, sans peur, et surtout sans filtre, l'Ange Noir prend la parole et déroule le fil de son épopée sanglante.
Premier meurtre à déclarer ? Sa mère – un accident de naissance. Après elle, personne n'y échappe, de Londres à Paris, en passant par Mexico. L'Ange Noir a la gâchette facile, le " beau sexe " pour obsession, et un sale penchant pour l'alcool.
Les originaux de ces confessions publiées en 1952 sous le pseudonyme de l'Ange Noir, réunis ici en un volume, préfigurent, par bien des aspects, l'avènement du légendaire San-Antonio.
Mon avis
Pour ceux qui connaissent Fréféric Dard, apprécié plus spécialement pour ses nombreux romans policiers, cultissimes, à succès "San-Antonio", je ne vous apprendrai rien en vous disant que ce dinosaure et virtuose, auteur dramatique/écrivain/scénariste et dialoguiste, fut le précurseur de la littérature française d'après guerre. Le Maître du polar français serait plus approprié.
Frédo avait son propre langage et en usait avec malice et finauderie sans jamais être vulgaire ou irrévérencieux. Si je vous dis " Le kâma sûtra selon San-Antonio " eh oui, n'ayons pas peur des mots et parlons franc, comme notre séducteur désinvolte de commissaire qui utilise l'argot et les "travers" de la langue française pour se faire comprendre....eh, ça fonctionne. Le succès est au rendez-vous!
N'oublions pas qu'à cette époque, la télévision n'était pas encore présente dans tous les foyers et que lire était un loisir et un plaisir aussi important que l'est, à notre époque, notre " Smartphone ".
Voulez-vous des exemples?
C'est parti.... 😉
Le kâma sûtra selon San-Antonio
- L'amortisseur télescopique
- L'anneau de sa turne
- L'Aspirant habite Javel*
- L'attaque de Fort Apache
- Avance Hercule
- Le babouin glouton
- Le bain du canari
- La balançoire Cubaine
- La balayeuse municipale
- Le binocle du percepteur
- La bougie démoniaque
- La bouillabaisse hongroise
- Le bouquet de violettes
- Le boy-scout farceur
- La brouette thaïlandaise
- Le caméléon taquin
- La charge des lanciers manchots
- La chenille en folie
- Le chien des baskets de ville
- Le chinois vert
- Le clapier en folie
- La clarinette baveuse
- Comme le temps pax
- Le placard vaudois
- Le coup du grand vizir...
À vous maintenant de comprendre ce qu'il y a à comprendre.
Vous êtes assez grand... 👼
La marque de fabrique de Frédéric Dard était son langage et une narration reconnaissable au premier coup d’œil.
Mais revenons à notre "Ange noir ".
Synopsie;
Dans cet opus, qui regroupe une série de quatre volumes, vous faites connaissance avec l'Ange noir. Un tueur froid qui réunit une personnalité complexe aux multiples facettes. Il vous parle et vous explique sans état d'âme, à la première personne du singulier, sa vie de meurtrier.
Sa venue au monde est, à elle seule, une tragédie. Sa mère meurt en le mettant au monde à l'arrière d'une camionnette. L'ange ne dévoile que peu de chose sur sa jeunesse. Son identité est un mystère. Il est beau gosse, obsédé par le beau sexe et son péché mignon est " l'alcool ". Très vite, la violence s'imprègne en lui et les premiers meurtres émergent dans une Amérique ou la corruption, les règlements de comptes et la violence sont monnaie courante.
"Synopsier" du Frédéric Dard est impossible, sans en dire trop. Donc mon résumé restera succinct volontairement. Le découvrir est une obligation et le lire est un réel privilège.
Le style, les tonalités du texte et les personnages.
Le style "Frédéric Dard" est une iconographie livresque vivante et malheureusement une espèce en voie de disparition. Quel dommage!
L'argot est son moteur. Le vocabulaire est à couper aux scalpels.
L'auteur joue avec les mots. Tel un virtuose de la musique, il vous transcende de par un professionnalisme du phrasé qui frôle le génie. La fée de l'excellence s'est penchée sur le berceau de Frédo et ne l'a jamais quitté. Ce qui lui a valu ce don de l'écriture et surtout cette frénésie d’écrire encore et encore sans jamais se lasser.
Son oxygène était les mots, le papier était sa peau et le lecteur, sa récompense suprême.
Les tonalités du texte étaient une évidence pour l'auteur. Il conjuguait le dramatique et le tragique en un claquement de stylo... Ce même stylo transpirait sur le papier et vous y ressentiez la peur que cet Ange noir engendrait. L'ironique et le comique s'y mêlent subtilement, en disant cela, je pense, à cet argot âprement utilisé par Frédo. Même si cet Ange est de la pire espèce, l'empathie et le pathétique seront à vos côtés et vous trouverez cet Ange élégant, fantasmagorique et stupéfiant. Le rythme y est insolent et l'action, excitante. Du concentré de talent à l’état pur.
Les personnages sont sculptés et façonnés sur mesure. Dans le rôle principal, l'Ange noir est implexe et fascinant de réalisme. Il est sanguinaire, brutal et atypique. Mais d'une élégance rare.
Les meurtres se multiplient, les scènes s’enchaînent, la chasse à l'homme est lancée.
Bref, un thriller noir, des dialogues acides, une maîtrise de la scénarisation brillantissime, un langage stylistique extrême et inimitable. Si vous devez découvrir Frédéric Dard, je vous le dis sans détour, voilà "The best".
Auteur
Biographie
Nationalité : France
Né(e) à : Jallieu, Isère , le 29/06/1921
Mort(e) à : Bonnefontaine, Fribourg, Suisse , le 6/06/2000
Biographie :
Frédéric Dard (né Frédéric Charles Antoine Dard), alias San-Antonio, était un écrivain français.
Fils d'un petit entrepreneur de chauffagerie, il est élevé par sa grand mère adorée qui lui donne le goût de la littérature.
Après la faillite de l'entreprise familiale et de petites études dans une école commerciale, Frédéric Dard commence à travailler comme rédacteur au journal local Le Mois de Lyon.
Installé en banlieue parisienne, Frédéric Dard publie en 1949 pour raison alimentaire un polar intitulé Réglez-lui son compte (éditions Jacquier), suivi en 1950 de Laissez tomber la Fille.
C'est le début d'un longue série à succès qui sera bientôt publiée dans la collection Police au Fleuve Noir (fondé et dirigé par son ami Armand de Caro dont il épousera la fille en 1969, après une tentative de suicide et un divorce), puis dans sa propre collection dédiée, toujours au Fleuve Noir, à partir de 1970.
Chaque année, deux à quatre nouveaux titres relatent de nouvelles aventures du commissaire San-Antonio et de son fidèle second Bérurier, tous plus salaces et verbalement exubérants les uns que les autres.
La série ne s'arrêtera que le 06 juin 2000 lorsque Frédéric Dard meurt d'une hémorragie à Bonnefontaine, en Suisse, où il résidait depuis 1966. Il a été inhumé en France, dans la ville de son enfance : Saint Chef du Dauphiné (38).
Frédéric Dard a produit sous son nom ou sous de nombreux pseudonymes des romans noirs, des ouvrages de suspense psychologique, des "grands romans", des nouvelles, ainsi qu'une multitude d'articles. Débordant d'activité, il fut également auteur dramatique, scénariste et dialoguiste de films.
Il a écrit officiellement deux cent quatre-vingt-huit romans, vingt pièces de théâtre et seize adaptations pour le cinéma. Depuis la mort de son père, son fils Patrice (1944) poursuit l'écriture des San-Antonio.
- Broché: 560 pages
- Editeur : Fleuve éditions (8 juin 2017)
- Collection : SAN ANTONIO
- Langue : Français
- ISBN-10: 226511698X
- ISBN-13: 978-2265116986
Le boulevard des allongés (1952)
Le ventre en l'air (1953)
Le bouillon d'onze heures (1953)
Un Cinzano pour l'Ange Noir (1953)